Dissertation: Le Clézio et son discours Nobel
« Pourquoi écrire ? L’écrivain, depuis quelque temps déjà, n’a plus l’outrecuidance de croire qu’il va changer le monde (…) il se veut témoin. » (J.M.G. Le Clézio, « Dans la forêt des paradoxes », conférence Nobel du 7 décembre 2008).
J.M.G. Le Clézio, à l’occasion de la réception du prix Nobel en 2008, s’est demandé pourquoi on écrit. En regardant l’histoire des écrivains français, il faut avouer qu’à cette question il n’existe pas une seule réponse : Hugo se prenait pour le guide spirituel du peuple tandis que Flaubert s’occupait rigoureusement de critiquer la société ; Dreyfus et Sartre par contre, se sont engagés à assumer de nouveau un rôle social positif. Il faut que nous nous demandions donc en quoi consiste ce rôle aujourd’hui et pourquoi il est si important dans le monde contemporain. « Agir, c’est ce que l’écrivain voudrait par-dessus tout i », mais dans son discours Nobel Le Clézio insiste que l’écrivain assume pourtant le rôle de témoin. En écrivant nous réagissons bien sûr mais plutôt à distance, à l’intérieur de nos maisons, en sécurité avec nos pensées derrière nos petits écrans. Le Clézio ose même dire que l’écrivain, la plupart du temps « n’est […] qu’un simple voyeur i ». Un voyeur, parce qu’il s’enfuit, il n’est pas du tout présent pour témoigner là où l’action se déroule. Tout simplement nous voyons des choses qui se passent à distance, ou nous en souvenons, et nous y réagissons en écrivant également à distance. Les écrivains font vivre les mots, la langue mais ils ne font pas vivre les actions desquelles nous avons besoin dans notre société. La littérature offre en revanche la possibilité aux lecteurs d’ouvrir eux-mêmes les yeux et de changer leur propre destin. Elle nous offre une certaine communication de pensées qui précède tout, puisque la communication, les pensées, la langue se trouvent toutes à la racine de notre existence humaine et elles précèdent toute action. De ce point de vue on pourrait à