Dissertation littéraire : Nancy Huston, Lignes de Faille

« A travers les voix de quatre filiations d’enfants, Nancy Huston restitue la vision d’une époque vue par les yeux de l’innocence…Mais déjà si jeunes, leur être est abîmé et trahi par leur environnement, endolori par leurs lignes de faille et nous découvrons ainsi que l’enfance n’est pas le paradis perdu auquel on veut nous faire croire… » Jérémy Harcourt, critique littéraire contemporain

Il était une fois l’enfance… Cette période magique où le bonheur et l’innocence se rassemblent pour l’emporter sur le malheur et la violence. Cette époque où tout n’est que rire et farandole, où tout n’est que douceur et joie de vivre. La nostalgie de ces moments perdus, le désir d’un retour en arrière effleurent alors l’enfant devenu adulte. Mais Lignes de Faille de Nancy Huston refoule très vite cet élan de mélancolie chez le lecteur. Ce roman, publié en 2006, raconte le destin d’une famille sur plusieurs générations, mutilée par la violence qui les entoure. Chaque enfant, étant d’une génération différente, est le parent du précédent. Tous racontent, âgés de six ans, leur quotidien, et ainsi portent un regard nouveau sur les aléas de la vie. Cette écrivaine canadienne nous enlève l’idée de la douceur illusoire de l’enfance, et nous ouvre les yeux sur la cruauté, le mal-être qui peut envahir ce paradis factice. Effectivement, Sol, Randall, Sadie, Kristina sont chacun trahis par leur environnement. C’est-à-dire trahis par les choix ou les absences de leurs parents, de leur entourage, mais aussi par les événements historiques qui bousculent leurs idéaux et leurs façons de vivre. Il y a aussi les lignes de faille qui sont présentes chez tous les personnages. Ce point de rupture est un bouleversement qui déchire, qui abîme l’être en profondeur, et qui a des répercussions sur le comportement. Chez Nancy Huston, l’innocence et le bonheur de l’enfance paraissent bien utopiques. Dans