Les personnages de roman sont les créatures fictives moteurs du récit. Flaubert les décrit lui-même comme « personnages de papier », lors de son procès pour Madame de Bovary. Le terme de personnage a beaucoup évolué, s’éloignant au fur et à mesure du héros, symbole des vertus surhumaines, du Moyen-Age, n’appartenant plus seulement au théâtre de la Renaissance, mais se rapprochant de plus en plus de la personne réelle, étant même parfois un « anti-héros ». La métamorphose du personnage au cours du temps est donc en lien avec l’évolution du monde. Cela s’explique par le fait que cet être artificiel est porteur d’une vision de la société. Nous pouvons alors nous demander si la visée du romancier, quand il crée ses personnages, est de porter à travers eux un regard critique sur la société dans laquelle il les fait évoluer au cours de son roman ? L’auteur a-t-il pour but, à l’aide des personnages qu’il fait naître, de faire la satyre de la société ? Nous allons voir dans un premier temps qu’il est récurrent qu’un auteur utilise un personnage de roman pour traduire ses idées et sa conception du monde. Nous prouverons ensuite que le romancier ne donne pas nécessairement vie à son personnage dans l’unique but de critiquer la société. Nous examinerons ensuite le concept du personnage, à la fois une recherche du réel et une incarnation d’une personne universelle.

Le personnage romanesque est le support qui permet à l’écrivain d’explorer la société et de faire une analyse de sa vision sur le monde.
Certains romanciers se livrent à une étude approfondie de la société à travers des personnages types. C’est le cas de Balzac qui avec La comédie humaine, explore les classes sociales, les individus qui composent la société parisienne du 19e siècle. Il crée des types sociaux dans un souci de réel, des personnages incarnant les caractères fondamentaux de ces contemporains, les voulant au plus proche des personnes vivant à son époque.