Dissertation sur le patrimoine
La question du patrimoine soulève de nos jours bien des questions et continue à faire couler beaucoup d’encre. En effet, « Tout devient patrimoine: l'architecture, les villes, le paysage, les bâtiments industriels, les équilibres écologiques, le code génétique.[1] » Ainsi, le juriste est-il appelé à réfléchir sur une ouverture de la notion du patrimoine et par là-même en vient-on à s’interroger sur l’actualité de la théorie classique du patrimoine d’Aubry et Rau.
Le patrimoine vient du latin patrimonium, il signifie donc: héritage du père. Au sens large et commun de ce mot, c’est un ensemble biens acquis par voie successorale de la famille, on entend alors le patrimoine au sens d’un héritage. En droit, sa signification est tout autre, elle fait aujourd’hui encore l’objet de controverse et soulève les passions.
En effet, Charles Aubry (1803-1883) et Charles Rau (1803-1877), tous deux nés à Strasbourg et co-auteurs du Traité de Droit Civil Français d’après la Méthode de Zachariae ont « dessiné » les contours de la notion de patrimoine dans une théorie qui a été reprise dans son essence par le droit positif français et dont on ressent l’influence sur les rédacteurs du Code Civil. S’il ne reprend pas textuellement la théorie le « principal ancrage textuel du patrimoine dans le Code civil »[2]se trouve dans les articles 2092 et 2093 du Code.
Aujourd’hui librement critiquée, les tenants de la théorie moderne dite théorie objective rejettent la rigidité de la théorie classique pour sa subjectivité. Il convient de s’intéresser de près à cette notion, objet de tant de débats juridiques, car la réponse donnée à cette question aura une incidence directe sur ce que l’on pourrait désigner comme « l’expression économique »de notre personnalité. Cette notion donc, difficilement appréhendé a donné naissance à la théorie classique du patrimoine à laquelle on admet de nos jours de nombreux tempéraments.
I. Théorie