Le metteur en scène Antoine Vitez déclarait en 1986 au festival d’Avignon : « Le théâtre, comme forme, est lié, je crois, plus ou moins consciemment, au passé. On raconte l’histoire du passé, on a un mode d’expression qui est un mode d’expression passé (…). Le théâtre ne doit surtout pas chercher à parler d’ici et de maintenant, sa vocation est de parler d’ailleurs maintenant, ou d’ici autrefois (…). C’est une des fonctions du théâtre, et pas la moindre, que d’avoir à parler du passé, ramener la mémoire du passé ; être le lieu de la conservation, au sens propre, le conservatoire des formes du passé. »

Par et pour ses créateurs et ses spectateurs, le théâtre est aujourd’hui un art bien vivant. Dans un lieu comme le festival d’Avignon, il pourrait y avoir quelques surprises par rapport à ce que Vitez a dit « non pas parler d’ici et maintenant mais d’ailleurs et d’autrefois ». La question que se pose Vitez est celle de la vocation du théâtre, à quoi le théâtre est-il voué ? On pourra se demander ce qui autorise le passage d’un jugement de fait, à savoir que le théâtre est lié au passé, à un jugement de valeur selon lequel le théâtre n’aurait d’autres raisons d’êtres que de parler du passé. Dans un premier temps, il est nécessaire d’analyser et d’illustrer les propos de Vitez, puis on pourra proposer une autre conception du théâtre par les sujets de notre époque (ou à toute époques données). Et finalement nous nous demanderons si cette déclaration n’est pas finalement une défense des classiques et une mise en garde du théâtre d’ici et maintenant.
I- L’archaïsme du théâtre (caractère lié au passé).
C’est comme forme que le théâtre est lié au passé. Bien souvent, il nous apparait comme un forme liée au passé. Les images que l’on a du théâtre sont souvent d’abord des images d’acteurs en costumes d’époque. Le drame romantique exige des vêtements à la mode de l’époque dans laquelle se situe la pièce. (ex : Hernani de Victor Hugo). Hugo se tourne vers le passé. Ce