Sujet : Est-ce donc la vie d'un homme ? Oui, et la vie des autres hommes aussi. Nul de nous n'a l'honneur d'avoir une vie qui soit à lui. Ma vie est la vôtre, votre vie est la mienne, vous vivez ce que je vis ; la destinée est une. Prenez donc ce miroir, et regardez-vous-y. On se plaint quelquefois des écrivains qui disent moi. Parlez-nous de nous, leur crie-t-on. Hélas! quand je vous parle de moi, je vous parle de vous. Comment ne le sentez-vous pas ? Ah ! insensé, qui crois que je ne suis pas toi !

Au XIXe siècle est né le romantisme, mouvement littéraire ; le romantisme permet notamment l'expression du « Moi » et des thèmes tels que l'amour, la nature... Une notion fondamentale est attachée au mouvement romantique, le lyrisme : le registre lyrique permet à son auteur d'exprimer ce qu'il ressent et de traduire en mots ses émotions. Victor Hugo, l'un des plus grand écrivains de la langue française, est l'un des chefs de file du romantisme qui, lorsqu'il s'exerce au poème lyrique, exprime ses sentiments et ses émotions afin de les partager avec ses lecteurs. En 1856, il publie « Les Contemplations », véritable chef d'œuvre lyrique, qui est un recueil de 158 poèmes rassemblés en six livres. Dans la préface de cette œuvre, Victor Hugo interpelle le lecteur, il défend ici la thèse du « Je » universel, il souhaite en effet convaincre le lecteur que lorsqu'il parle de lui, de ses sentiments, de ses émotions, il est en fait le miroir de tous. En parlant d'une « destinée unique » pour tous en utilisant le « moi » et le « je » opposés aux « vous » et « toi », Victor Hugo tente de donner plus de poids à ses arguments ; plus encore lorsqu'il écrit « insensé » il exhorte le lecteur à comprendre que penser différemment de lui, n'aurait pas de sens. Nous pouvons alors nous poser la question de savoir si Victor Hugo peut, à travers le poème lyrique, être le « miroir » de tous ou si le lecteur peut en toute conscience penser par lui même et ne pas se retrouver