Le 25 février 1830, un groupe de jeunes auteurs s'est donné rendez-vous au théâtre pour imposer un genre nouveau : le drame roman-tique. Une jeunesse fiévreuse se fait entendre et crie son mal-être, « le mal du siècle », un mouvement littéraire est né : le Romantisme. Un courant littéraire et culturel est indissociable de son environnement historique, social, économique. L'esprit de révolte de la jeunesse romantique est-il dû au hasard ou peut-il s'expliquer par le contexte dans lequel elle a grandi? Nous allons montrer d'abord que les Romantiques sont nés dans un contexte historique dont ils ont la nostalgie. Puis, nous verrons que s'ils s'isolent de leur milieu ils sont aussi rejetés par ce dernier. Enfin, nous remarquerons que les Roman-tiques croient en l'avenir même s'ils se méfient d'une époque où l'argent et l'ambition personnelle triom-phent.

Hugo, Musset, Nerval, Vigny appartiennent à une génération née avec le XIX° siècle et au moment où l'Empire était à son apogée. Enfants, ils ont été nourris par les images d'un Napoléon glorieux, conquérant, comme le montrent bien les tableaux de Gros ou de David, qui le représentent à cheval, et en uniforme de haut grade. Malheureusement, nos auteurs seront privés de cet héroïsme et devront se débattre dans une époque rétrograde qui a remis les rois (Bourbon puis Orléans) sur le trône. Les jeunes auteurs romantiques se montrent sans pitié à leur égard. Musset recourt à une métaphore peu flatteuse pour désigner Louis XVIII et Charles X : « les fossiles des siècles de l'absolutisme. » Il est vrai que cette époque est on ne peut plus confuse, la noblesse cherchant à reconquérir ses privilèges et devant composer avec la bourgeoisie d'affaires qui profite de la révolution industrielle. Musset résume cela : « voilà dans quel chaos il fallut choisir. » Lorsqu'ils évoquent leur époque, Musset et Nerval ne trouvent que des termes péjoratifs comme le montre cette enumération de Nerval: "une époque étrange (...); c'était un