Charles d'ORLEANS (1394-1465)

Ma seule amour...

Ma seule amour, ma joye et ma maistresse,
Puisqu'il me fault loing de vous demorer,
Je n'ay plus riens, à me reconforter,
Qu'un souvenir pour retenir lyesse.

En allegant, par Espoir, ma destresse,
Me couvendra le temps ainsi passer,
Ma seule amour, ma joye et ma maistresse,
Puisqu'il me fault loing de vous demorer.

Car mon las cueur, bien garny de tristesse,
S'en est voulu avecques vous aler,
Ne je ne puis jamais le recouvrer,
Jusques verray vostre belle jeunesse,
Ma seule amour, ma joye et ma maistresse.

Ce poème a été écrit par Charles d’Orléans et il a été publié en 1992 : Ballades et rondeaux, Paris, Le Livre de Poche, collection « lettres gothiques », il est l'auteur d'une grande œuvre : 131 chansons, 102 ballades, sept complaintes et à peu près 400 rondeaux. Il a aussi écrit des pièces poétiques en langue anglaise.

Clément MAROT (1497-1544)

De l'amoureux ardant

Au feu, qui mon coeur a choisi,
Jetez-y, ma seule Déesse,
De l'eau de grâce et de liesse,
Car il est consommé quasi.

Amour l'a de si près saisi
Que force est qu'il crie sans cesse
Au feu.

Si par vous en est dessaisi,
Amour lui doint plus grand détresse,
Si jamais sert autre maîtresse :
Doncques, ma dame, courez-y
Au feu.

Ce poème a été écrit par Clément Marot et il appartient au recueil « L’Adolescence clémentine (1532-1538) ». Il est poète à la cour de François Ier et il est protégé par Marguerite de Navarre, la sœur du roi. Dans sa poésie, il y a un peu d’érotisme caché par les mots. A la demande du roi, Clément Marot édite les textes de François Villon, il aura beaucoup de succès. Il aura une certaine influence sur Ronsard et Du Bellay.

Nicolas GILBERT (1750-1780)

L'amant désespéré

Forêts solitaires et sombres,
Je viens, dévoré de douleurs,
Sous vos majestueuses ombres,
Du repos qui me fuit respirer les douceurs.