Dissertation
• La morale est l'exigence de se conduire selon le respect ou le refus de certaines valeurs jugées absolues (le Bien et le Mal). Elle énonce des impératifs (commandements et interdictions) qui obligent l'homme - si sa conscience morale les reconnaît légitimes. Cela fait alors le devoir, qui dicte ce qui doit être (valeur, norme, idéal) et qui se distingue de ce qui est (le fait, le donné, la réalité).
• Le devoir concerne toujours autrui : la morale c'est tout ce que l'on doit à autrui. Le devoir n'est rendu effectif (réalisé effectivement) que par mon obligation, c'est-à-dire par le sentiment impérieux qu'il me faut toujours le choisir et le vouloir plutôt qu'autre chose (mon intérêt privé, mes désirs égoïstes).
Faits et valeurs : le problème du fondement de la morale
• La morale nous dit ce qui doit être absolument. Mais la nécessité du devoir se fonde-t-elle sur celle de l'être (ce qui est) ? Y a-t-il une morale objective et absolue ? Mais peut-il y seulement y avoir des valeurs absolues ? C'est là le problème du fondement de la morale (fonder, c'est justifier). Deux positions principales s'opposent ici :
1) La conjonction de la valeur avec l'être ou avec le vrai. Les valeurs, qui sont objectives et absolues, sont objets de connaissance et même de démonstration. Nous retrouvons ici Platon (le Bien en soi), Aristote (le Premier Principe), Augustin et Thomas d'Aquin (Dieu), Hegel (la Raison), Marx (l'Histoire)...
2) La disjonction de la valeur et de l'être ou du vrai. À la différence des vérités objectives, les valeurs sont subjectives et relatives à notre désir et à notre volonté de les défendre. Et ce n'est pas la connaissance qui nous conduit aux valeurs, car il n'y a pas de morale ou de devoir-être vrais (il n'y a de vérité que de ce qui est). Les valeurs sont des évaluations particulières issues de désirs particuliers [1]. Cette position est plus moderne : Spinoza, Hume, Nietzsche, Freud, Alain...
• Un tel scepticisme quant au