Divers
= (analyse dans La poésie française du Moyen-Age jusqu’à nos jours PUF p.332-333 direction Michel Jarrety)
« Un même coup de force fait entrer dans la tragédie le grotesque et dans le vers les mots propres, « sans bas », « sans perruque », « populace du style au fond de l’ombre éparse ». L’identification de la langue poétique à toute la langue ordinaire est un acte politique. C’est aussi un acte religieux, parce que le mot, chaque mot, « jailli de l’ombre » est « face de l’invisible, aspect de l’inconnu », et, comme tel, non interchangeable.
- Pour ce faire, les romantiques partent en guerre contre la rhétorique, soit contre une conception de la poésie : => qui suppose d’accorder le primat aux figures dites poétiques et qui suppose une conception de la poésie qui soit formelle, qui implique que le fond, le sens, le discours passent en second face à la dimension ornementative. => qui réduise l’espace poétique au topoï => qui implique le désinvestissement du sujet poétique
// en regard : => cela ne suppose pas le refus de toute rhétorique, loin s’en faut ; les romantiques revendiquent bien plutôt l’émancipation de la rhétorique => repose sur l’engagement total du sujet poétique qui confère à la poésie sa puissance de par l’énergie dans l’énonciation. (sauf peut-être Nerval qui inaugure la poésie moderne en allant jusqu’à la dislocation du discours par la juxtaposition des énigmes oraculaires dans Vers dorés, Chimères). => suppose une poésie qui s’appuie sur les tropes, tout particulièrement, mais pour faire jaillir des images, des symboles qui redonnent une place première à l’imagination, pour créer des images autonomes qui rendent compte des liens entre le visible et l’invisible, qui mettent au jour les liens inconnus imperceptibles entre les choses, pour dire l’unité du monde. Baudelaire commentant Victor Hugo en 1861