Division du travail
Le « travail parental » reste une affaire de femme
Selon une étude de l'INED, la participation des pères aux soins et à l'éducation des enfants progresse peu
es « nouveaux pères », célébrés dans les années 1980, participent-ils vraiment à l'éducation de leurs enfants ? L'arrivée massive des femmes sur le marché du travail à partir des années 1970, a-t-elle rééquilibré les tâches au sein du foyer ? C'est ce qu'ont tenté de savoir Carole Brugeilles et Pascal Sebille, deux chercheurs de l'université Paris-Ouest-Nanterre, qui ont décrypté une grande enquête européenne sur les relations familiales.
Menée en France, en 2005, avec le concours de l'Insee, cette étude de l'Institut national d'études démographiques (INED), publiée dans le dernier numéro de Politiques sociales et familiales, la revue de la Caisse nationale des allocations familiales (CNAF), permet d'évaluer la participation des parents à cinq moments-clés de la vie des enfants : l'habillage, les accompagnements à la crèche ou à l'école, les devoirs, le coucher, ainsi que les jeux et loisirs. Pour cette enquête, plus de 1 600 personnes vivant avec au moins un enfant âgé de moins de 14 ans ont été interrogées.
Premier constat : les pères s'investissent beaucoup moins que les mères dans les tâches familiales. « En dépit d'une nouvelle conception de la paternité fortement médiatisée et du développement de l'activité féminine, la participation des hommes aux soins et à l'éducation des enfants progresse peu, note cette étude. S'occuper des enfants reste une prérogative féminine, la division sexuelle du travail parental se modifie lentement. »
Nulle surprise dans ces résultats : en 1998, l'enquête Emploi du temps de l'Insee avait ainsi établi que 80 % du noyau dur des tâches domestiques (vaisselle, courses, ménage, lessive, soins matériels aux enfants) était - encore - assuré par les femmes. Deux ans plus tard, la direction