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Le fantôme ou lorsqu'on en voit un, assurément, ce n'est pas normal...
Le président des États-Unis ne parvenait pas à fermer l’œil. Il se tournait et se retournait dans son lit, pourtant confortable.
Ce n’était pas sa réélection qui l’inquiétait vraiment, même s’il savait qu’il allait probablement perdre en face du jeune et fringant adversaire démocrate. Il était fatigué et n’avait pas vraiment envie de se représenter. Et puis, à un certain âge, lorsque le cynisme commence à remplacer la compassion, il est temps d’arrêter et de se retirer pour pêcher la truite dans les torrents de montagne.
Or il adorait la pêche. Bien plus que la politique.
D’accord, il était inutile de s’obstiner, il n’arriverait pas à dormir. Poussant un discret soupir, il se leva avec précaution pour ne pas réveiller sa femme, enfila ses pantoufles de cuir crème, une robe de chambre noir et rouge, et se dirigea vers son bureau.
Il aurait été nettement plus pratique que celui-ci soit contigu à sa chambre. Ainsi, il aurait pu s’y glisser discrètement et personne n’aurait su que le dirigeant du plus puissant pays au monde avait des insomnies. Cela dit, il n’était probablement pas le seul président à avoir du mal à dormir, c’était inhérent à la fonction. Président égale insomnie. Oui, cela allait souvent ensemble.
Dehors, John, l’un des gardes du corps, le salua d’un murmure. Puis avertit ses collègues que «
Gladiateur » se dirigeait vers son bureau. Le président eut un faible sourire en foulant la moelleuse moquette bleue. C’était lui qui avait choisi son nom de code. Essentiellement parce qu’il avait souvent la sensation d’être dans une arène, pleine de lions affamés.
Sur son passage, les hommes, bien réveillés en dépit de l’heure tardive, adressaient des « Bonsoir, monsieur le président » à l’homme aux cheveux blancs, grand, au dos voûté, qui dirigeait leur pays depuis déjà quatre ans. De nouveau, il soupira. Dieu que ces années étaient passées vite ! Son pays souffrait. La planète