Dom Juan, III, 1

I- Une scène de comédie
A- Dramaturgie : * Changement de décor : on se trouve dans une forêt. L’absence d’unité de lieu est propre à la comédie. * Les deux personnages fuient « douze hommes à cheval » (fin de l’acte précédent) : urgence du danger, donc. On attend une action pleine de suspens et de coups de théâtre ! * Or, paradoxalement, il ne se passe rien. Pause dans l’action. Conversation plaisante entre les deux personnages, comme s’ils ne couraient aucun danger. Quelle est l’utilité d’une telle scène ? Aucune utilité dans l’intrigue, mais en revanche, elle nous permettra une meilleure compréhension du caractère des personnages, de leurs relations entre eux. = > scène d’une comédie de caractère, plutôt que d’une comédie d’intrigue.

B- déguisement, mascarade * Le déguisement est un élément comique : Sganarelle déguisé en médecin s’est vraiment fait passer pour un médecin, il a fait des ordonnances ; théâtre dans le théâtre, « mise en abyme », selon l’expression d’André Gide. « Cet habit me donne de l’esprit », dit Sganarelle (ligne 18). L’habit transforme sa personnalité ; il entre dans son rôle. Sganarelle poursuit donc le jeu, en défendant passionnément l’efficacité de la « casse », du « séné », du « vin émétique » (l. 3) * Jeu ambigu : Sganarelle croit-il en l’efficacité de la médecine ? Il est bien difficile de le savoir, avec la plaisanterie qu’il raconte sur le vin émétique, très efficace, puisqu’il « fit mourir tout d’un coup » un malade à l’agonie. Cette plaisanterie joue sur la logique de l’absurde : le remède est efficace, puisque le patient n’est plus malade : en effet, il est mort. Plaisanterie fort traditionnelle, que l’on a dû entendre chez les apprentis médecins, depuis que la médecine existe ! N’en déduisons pas trop vite que Sganarelle est un esprit fort en médecine !

C- le comique de situation * L’habit donne surtout du courage à Sganarelle : un médecin, c’est un notable, d’un