Dom juan, la tentation du pauvre
Support : Molière, Dom Juan Acte 3 scène 2.
Q.O.P. Quelles facettes du libertin relève cette scène et quelle en est la portée polémique ?
Au cour de l’acte 3, Don Juan et Sganarelle toujours déguisés l’un en habit de campagne et l’autre en médecin s’égarent dans la forêt alors qu’ils tentent d’échapper aux frères d’Elvire. La rencontre avec le mendiant est l’occasion pour D.J de poursuivre son défi provocateur envers les valeurs de la société. Nous montrerons donc quelles facettes du libertin révèle cette scène et quelle en est la portée polémique.
I. Du sadisme au sacrilège.
La progression de la scène montre bien le rapport pervers de persécution qui s’instaure entre D.J et le pauvre. En présence de Sganarelle qui joue une fois de plus le rôle de complice/témoin. Le ton est poli au début de la scène mais il change totalement dès que le pauvre fait sa demande d’aumône. De réplique en réplique D.J va tenter de séduire son interlocuteur, les paroles du mendiant sont systématiquement retournées contre lui de manière a révéler les prétendue contradictions de sa croyance, et à lui faire abjurer sa foi. De manière sarcastique, D.J commence par lui reprocher de monnayer ses informations. Ensuite, il se moque des prières du pauvre avec une ironie de plus en plus sacrilège. Il conseille au pauvre de prier dans un but matérialiste et égoïste. Il fait semblant de s’étonner de l’inefficacité de ses prières et de l’ingratitude divine. Le cynisme de D.J ressort d’autant mieux que le pauvre conserve toujours son sérieux le plus sincère comme s’il ignorait l’ironie provocatrice de Don Juan. Par ailleurs, on observe un effet de crescendo lors de la demande du blasphème contre un Louis d’or.
La fin de l’affrontement est aussi brusque qu’ambiguë : face au refus obstiné du pauvre, D.J cède pour la 1° fois, sans se priver d’une dernière parole blasphématoire. « Va, va je te donne pour l’amour de l’humanité ». Humanité