Diantre, Monsieur, ce que vous décrivez avec tant de passion et de conviction sur les charmes de la gente féminine est fort plaisant et nombre de gentilshommes illustres de votre entourage rêveraient de suivre votre voie avec autant de brio et de fougue.
Je conçois aisément ce désir effréné de conquêtes féminines, il est certes dans la nature de l’homme d’assouvir ses désirs charnels et nul ne peut le blâmer, mais que diable ! la femme doit-elle pour cela ressembler à une place forte que l’on doit harceler sans relâche pour arriver à réaliser ses plus vils desseins ?
La femme ne peut certes pas être considérée comme une proie ou un gibier que l’on traque mais un être humain digne des sentiments les plus nobles.
La conquête et ce besoin impérieux de triompher, vous font semble-t-il oublier vos devoirs et votre rang, Pitié, nous ne sommes pas sur un champ de bataille où votre honneur est en jeu !
Vous qui considérez le terrain de l’amour comme un conflit permanent et le théâtre de victoires innombrables, sachez que la conquête sans l’amour est comme un combat sans gloire, l’ennemi se rend sans réelle résistance pour votre plus grand plaisir et votre orgueil et je vois dans cette attitude non l’image d’un bon chrétien mais celui d’un jouisseur impénitent, blasphème ! et quel modèle que cet Alexandre que l’on disait « le Grand » et que vous considérez comme votre maître, n’a-t-il pas lui aussi pêché par orgueil en voulant dominer le monde entier et en se considérant comme un dieu, n’est-il pas redevenu simple homme à l’aube de sa courte vie, que sont devenues ces nombreuses conquêtes aussi éphémères que dérisoires aux yeux de Dieu ?
La fidélité vous fait horreur dites vous et vous semble ridicule, mais elle ne l’est point à mes yeux, elle est pour moi le signe d’un cœur noble et généreux, elle permet de connaître l’amour vrai et sincère, le seul digne d’être vécu sur cette terre.
Vous trouverez certainement que ces reproches ne scient pas à un valet mais