Dorothea Lange Migrant Mother
Aux Etats-Unis, c’est décennie qui suit 1929 : les « années amères ».
Ce portrait apparaît comme la métaphore de la détresse humaine, indépendamment de toute référence temporelle.
- Elle s’appelle Florence Thompson, 32 ans, mariée, sans domicile fixe. Elle a 7 enfants à nourrir. Ce qui, même dans une époque de stabilité économique, ne représente pas une mince affaire, peut très certainement, en pleine période de crise porter une famille au bord de la catastrophe. Florence Thompson fait partie de ces gens que, dans ces « années noires », on a coutume de désigner par l’expression d’ouvriers migrants, cad des gens qui se déplacent en même temps que le travail, dans la mesure du moins où il y en a.
En ce mois de mars 1936, la récolte de pois a été une fois de plus mauvaise dans les Etats du Sud. Il n’y a pas de travail pour les cueilleurs, donc pas de revenus. Florence Thompson a trouvé provisoirement refuge dans un camp de trieurs de pois de Nipomo, en Californie. « Plus de 2500 personnes vivent dans ce camp », se souvient Dorothea Lange, « et sont pour la plupart démunies de tout. »
- Une de ces trouvailles visuelles de notre temps : Curieusement, nous savons beaucoup de choses du modèle, et ceci en grande partie grâce à la relative précision des indications portées au verso de l’image par la photographe, tout au moins sur les premiers tirages. Nous savons d’une autre source que l’une des filles, celui qui est à gauche sur l’image, essaiera plus tard, mais en vain, d’empêcher la publication par arrêt du tribunal.
On sait aussi qu’en 1983, des appels à la générosité ont été lancés en faveur de Florence Thompson, atteinte d’un cancer (presqu’un demi-siècle après la fin de la Grande Dépression). Entre temps, presque tout le monde a vu cette jeune femme avec ses lèvres minces, son visage buriné par les épreuves, son regard vide perdu dans le vague. Depuis sa publication - et même déjà avant - dans