Dorothea Lange
Les années qui suivent le krach boursier du 24 octobre 1929 sont surnommées « the bitter years » (« les années amères ») : le krach entraîne une crise économique sans précédent aux États-Unis, aggravée par une sècheresse dans les États du sud. Les immigrants qui débarquent d'Europe à la recherche du rêve américain, ou fuient les régimes politiques communistes et national-socialiste de l'Europe de l'Est, trouvent en Amérique une situation économique plus désastreuse encore. C'est dans l'Amérique rurale que la situation est la plus alarmante : la sècheresse empêche les paysans d'effectuer leurs récoltes et engendre une crise grave de l'emploi. Les chômeurs errent dans les villes, à la recherche de soupes populaires ou de petits travaux quelconques, désœuvrés, ou se retrouvent sur les routes, allant de ville en ville. Ils recherchent du travail chez les propriétaires terriens, dans les coopératives. On les appelle alors des migrants. Ils s'installent dans des camps de fortune, sans eau potable, et tournent en rond. L'administration de Franklin Delano Roosevelt, qui développe une politique keynésienne, représentée par le New Deal, crée en 1935 la Resettlement Administration (« Office de la réinstallation »), pour prélever des informations sur le terrain : la direction en est confiée à Roy Stryker.
Florence Owens Thompson, Mère migrante (Migrant Mother), photographie de Dorothea Lange prise en 1936.
En 1935, Dorothea Lange est en Californie à titre d'assistante de son mari, Paul Schuster Taylor, qui travaille pour la Resettlement Administration : elle est chargée de prendre des notes, de