Dostoïevski et le nihilisme
Il s’agit de délimiter les fondements du système philosophique de Dostoïevski, à partir de son œuvre littéraire. Il faut dépasser le paradoxe initial d’une pensée philosophique exprimée dans un style littéraire. Dostoïevski a su créer un véritable système philosophique rigoureux et autonome. L’intrigue ne constitue pas l’essentiel dans ses romans, qui ont pour fonction de démontrer et d’expliciter les idées de l’auteur. Les personnages ont une faculté d’incarner des idées abstraites. Soit les personnages jouent le rôle de porte voix de l’auteur pour le lecteur, soit les personnages peuvent penser de manière autonome. Autrement dit, cette incarnation correspond à la volonté de l’auteur de faire fonctionner son système par l’instauration de plusieurs concepts qui prennent consistances à travers ces personnages. Intervient ici la notion de personnages conceptuels qui se différencie des personnages de dialogue. Le personnage de dialogue expose des concepts, tandis que le personnage conceptuel en crée. Qu’en est-il pour Dostoïevski ? La construction de son système philosophique passe-t-il nécessairement par la composition de personnages conceptuels ? L’exposition simple de concepts ne suffit-elle pas au spectateur pour circonscrire la pensée de Dostoïevski ? Sur quels fondements repose ce système ? Les écrits de Dostoïevski représentent une vaste critique du monde occidental et de la Russie. Il a composé une fresque de la société de son temps : c’est une dénonciation de l’esprit moderne. Ce dernier aurait comme caractéristiques l’athéisme et le rationalisme. Ce sont eux qui amènent l’homme à devenir nihiliste.
C’est pourquoi, il nous revient de repérer les récurrences du concept de nihilisme dans l’œuvre de Dostoïevski. Qu’est-ce que le nihilisme pour Dostoïevski ? Le nihilisme se traduit selon lui, par l’interpénétration du bien et du mal. L’absence de valeurs absolues fait en sorte que les hommes ne peuvent plus faire la distinction