M1 METIERS DES ARTS ET DE LA CULTURE

« Double Trouble »
Le projet Les invisibles de Sebastien Lifshitz, ou la mise en scène du couple homosexuel
Clara Labrousse
09/04/2015

« J'adore aller dans les brocantes, fouiller dans des cartons tout pourris...Un jour, je suis tombé sur un album des années 1950, rempli de photos de deux vieilles dames, de style plutôt bourgeois. Je me suis demandé: s'agit-il de deux sœurs, de deux amies ou de deux amantes ? […] J'ai émis une hypothèse: est-ce que, dans la majorité des cas, ces hommes et ces femmes n'ont pas réussi à aménager quelque chose dans leur vie, à négocier avec eux-mêmes pour arriver à vivre plus ou moins bien leur homosexualité
? » Sébastien Lifshitz, entretient au Monde le 28 novembre 2012.

Obsédée moi aussi par la photographie anonyme, par ces bouts de réalités jaunies, évanescentes, qui se retrouvent dans des brocantes à côté du batteur électrique Moulinex, j’ai été particulièrement marquée par le travail de Sébastien Lifshitz. Ces photographies sont-elles le témoignage d’une histoire, produisent elles du sens, un discours ? Si oui, lequel ? J’émets ici l’hypothèse que les mises en scènes des couples homosexuels que nous pouvons voir dans le travail de Lifshitz possèdent une force discursive et sont le résultat de processus de représentations et d’invibilisations.
Tout d’abord, je tacherais d’expliquer en quoi le médium photographique est non seulement un outil technique mais aussi un outil social. Dans un deuxième temps, je m’appliquer à apporter une analyse critique de ces images à travers le prisme des représentations du couple.
Enfin je tacherais de comprendre le processus d’effacement de cette histoire par notre système. La photographie en elle-même pose la question de la trace, du récit et du rapport à la réalité.
L’image photographique a entretenue depuis sa création un rapport ambigu au réel. Les travaux de Charles Sanders Pierce, chercheur en sémiologie distinguent trois catégories de signes :
Le