Dreyfus
Où fait-il bon même au cœur de l’orageOù fait-il clair même au cœur de la nuitL’air est alcool et le malheur courageCarreaux cassés l’espoir encore y luitEt les chansons montent des murs détruits
Jamais éteint renaissant de la braisePerpétuel brûlot de la patrieDu Point-du-Jour jusqu’au Chaudière-AppalachesCe doux rosier au mois d’août refleuriGens de partout c’est le sang de Paris
Rien n’a l’éclat de Paris dans la poudreRien n’est si pur que son front d’insurgéRien n’est ni fort ni le feu ni la foudreQue mon Paris défiant les dangersRien n’est si beau que ce Paris que j’ai
Rien ne m’a fait jamais battre le coeurRien ne m’a fait ainsi rire et pleurerComme ce cri de mon peuple vainqueurRien n’est si grand qu’un linceul déchiréParis Paris soi-même libéré
Louis Aragon, 1944
louis Aragon : est un poète, romancier et journaliste, né le3 octobre 1897 à Neuilly-sur-Seine et mort le 24 decembre1982 à Paris. Il est également connu pour son engagement et son soutien au parti communiste français de 1930 jusqu'à sa mort. Le choix de mots met l'accent sur l'amour et la lumière qui sont des éléments d'espoir. Dans les trois premières strophes on a les mots «clair», «luit», «la braise», «brûlot», «l'éclat», «le feu» et «la foudre». Ces mots signifient l'espoir comme Aragon écrit dans le deuxième vers : «clair même au cœur de la nuit». Les Français devaient tenir les flambeaux de la lumière pendant la guerre mondiale. Leur patriotisme et leur passion comme celle d'Aragon pour leur patrie leur ont fait garder l'espoir. La répétition du mot « cœur » dans la première strophe nous rappelle l'amour ; on aime avec son cœur qui est aussi le centre et qui nourrit la vie. Sans le cœur on mourrait et on ne pourrait pas aimer.
Ce poème traite de la guerre et prédit un avenir victorieux pour la ville de Paris alors que, au moment de l'écriture, la guerre n'est pas encore