Droit et éthique
« Selon que vous serez puissant ou misérable, Les jugements de Cour vous rendront blanc ou noir ».
LA FONTAINE, Fables, VII, 1, Les animaux malades de la peste.
Le tableau à dresser de la justice est-il si noir ? On ne peut s’en remettre à un témoignage si vieux même s’il provient d’une plume si prestigieuse, pour affirmer que le droit méconnait la bonne éthique. On ne compte plus le nombre de fictions (Le procès, de Kafka, par exemple) mettant en scène un droit corrompu, soumis au pouvoir de l’argent et de l’influence politique. Quel contraste avec les dires d’Ulpien datant du IIème siècle avant J-C : «jus est ars aequi et boni » (le droit est l’art du juste et du bon.) Aujourd’hui, le monde de la finance serait devenu le dirigeant cupide de l’ordre mondial, converti au capitalisme ultra-libéral, au culte de l’argent et du pouvoir. La crise financière récente déclenchée par la faillite des deux fonds d’investissement de Lehmann Brothers a semblé confirmer cette idée dans son relatif « dénouement » (les indispensables réformes structurelles des institutions financières ont plutôt été remises à plus tard). En effet, malgré leur responsabilité indéniable dans le chaos économique et social qui a résulté de leurs abus spéculatifs -ayant souvent pour enjeux les patrimoines de ménages de la classe moyenne dépourvus de moyens de défense contre les redoutables techniques commerciales des banquiers ou bien des denrées alimentaires vitales pour la survie de certaines populations-, de leur utilisation excessive de produits financiers dérivés totalement déconnectés de l’économie réelle, bref de leur mépris total de l’intérêt commun, certains acteurs reliés aux firmes transnationales financières et beaucoup d’autres criminels en col blanc n’ont été inquiétés de nulles sanctions proportionnelles à la gravité de leurs actes, pourtant à l’origine d’une des plus grandes récessions de l’histoire. Ils auraient dû pourtant réparer les dommages, comme la vie