Droit pénal
RACHID TNIOUNI / © NICHANE) | Jeunes, belles, instruites... elles vendent leurs corps pour des “cadeaux”. Pourquoi ? Comment ? Enquête sur un phénomène qui a envahi les lycées et universités du Maroc.
“En changeant de ciel, on change d'étoile". Fatine lance le propos un peu comme ça, par automatisme, comme une phrase décorative qui ornerait son statut MSN. Elle lance ça, beaucoup aussi, car son client potentiel est francisant. Fatine, 19 ans, et Ilham, 22 ans, sont sœurs et consœurs dans le commerce de la chair. L'une, à défaut de pouvoir être | | journaliste, a opté pour des études de gestion, et l'autre, pour une formation dans le paramédical. Faire les choses à moitié, c'est un peu leur lot quotidien. La médecine, un peu trop difficile, laisse donc place au paramédical. Et la paraprostitution (troquer son corps contre des cadeaux) moins risquée, plus mondaine et plus accessible, remplace la prostitution assumée. Durant le trajet menant vers un resto-bar de Témara, ça parle musique, expériences personnelles, de la pluie et du beau temps. Une discussion banale entre personnes intéressées qui forcent la bonne foi, du côté acheteur comme du côté vendeur. Arrivés au bar, un groupe s'efforce à jouer des reprises de Pink Floyd pendant qu'un documentaire animalier, derrière leurs têtes, fait guise de clip. Fatine et Ilham, après avoir siroté leurs bières et picoré quelques olives, laissent les tabourets à motifs - de girafe et de tigre du Bengale- vides. Pour revenir, un quart d'heure plus tard, la lèvre “englossée” et les paupières fardées de paillettes bleues. Un habitué des lieux, la cinquantaine pantelante, réclame, verre à la main et dans une transe léthargique, une chanson d'Aznavour, “celle qui dit j'avais vingt ans”.
Celles qui ont vingt ans, justement, vivent leur bohème. La conversation dévie, entre lasagnes, vin blanc et salade,