Dualisme cartésien
Identité signifie que nous avons affaire à une seule et même chose. La question est de savoir laquelle. Car il est bien évident que pour nous, les deux mots ne renvoient aucunement à la même réalité. D’un côté nous avons affaire à un volume d’un peu plus d’un kilo de matière molle, blanche et grise, dont la science nous montre qu’elle est organisée, à l’échelle microscopique, de manière extrêmement complexe. De l’autre, nous sommes en présence d’un flux continu d’impressions subjectives, qualitativement différenciées : une couleur n’est pas une douleur, qui diffère elle-même d’un espoir ou d’un raisonnement. Il faut tout de même partir de ce constat, que l’identité de deux choses aussi radicalement différentes n’a à première vue aucun sens. […] Il faut bien commencer par donner raison à Descartes lorsqu’il dit de la matière et de l’esprit que « leurs nature ne sont pas seulement reconnues diverses [i.e. …afficher plus de contenu…
» Cette machine, c’est évidemment le cerveau humain. Et en effet, être matérialiste, c’est affirmer que le cerveau est quelque chose comme une étonnante machine à penser. « Et cela posé, poursuit Leibniz, on ne trouvera en la visitant au-dedans que des pièces qui se poussent les unes les autres, et jamais de quoi expliquer une perception. » Même si cette fiction repose sur une conception dépassée de la machine (« des pièces qui se poussent les unes les autres »), je crois que Leibniz a raison : même en me représentant une infinité de réactions chimiques, de décharges électriques se produisant dans des réseaux de connexions physiques, je ne vois pas sortir de là la moindre pensée.4) Qu’est-ce qu’une expérience de pensée ? Quels problèmes pose-t-elle ? Que permet-elle ?5)