Dynamiques de genre
(introduction)
« L’utilisation croissante du mot “genre” dans les médias et même les documents administratifs, lorsqu’il est question de l’égalité entre les hommes et les femmes, appelle une mise au point sur le plan terminologique. On constate en effet, notamment dans les ouvrages et articles de sociologie, un usage abusif du mot “genre”, emprunté à l’anglais “gender” […].
[E]n français, le mot sexe et ses dérivés sexiste et sexuel s’avèrent parfaitement adaptés dans la plupart des cas pour exprimer la différence entre hommes et femmes, y compris dans sa dimension culturelle, avec les implications économiques, sociales et politiques que cela suppose.
La substitution de “genre” à sexe ne répond donc pas à un besoin linguistique et l’extension de sens du mot “genre” ne se justifie pas en français. Dans cette acception particulière, des expressions utilisant les mots “genre” et a fortiori l’adjectif “genré”, ou encore le terme
“sexospécificité”, sont à déconseiller. » (Commission générale de terminologie et de néologie, 2005)
Défendre le genre
Un concept en manque de légitimité ?
Si, selon les termes de la Commission générale de terminologie et de néologie dans cette recommandation récente, l’usage du mot genre est « abusif » et ne correspond pas à un « besoin linguistique », ce concept a-t-il malgré tout une utilité scientifique ? C’est ce que nous affirmons en intitulant ce numéro de terrains & travaux
« dynamiques du genre ». L’inquiétude des académiciens nous invite à faire à notre tour une « mise au point » sur le sens et la portée heuristique du concept de genre, dont il faut reconnaître que l’usage et les définitions ne font pas l’unanimité, même au sein de la
4 — terrains & travaux — n°10 [2006] communauté des sciences sociales1. Au vu de la pluralité des usages du terme, nous ne prétendons pas ici donner une définition à vocation hégémonique, ou même qui en reflèterait tous les usages courants (y compris