Démocratie et justice sociale
Fallait-il assouplir la carte scolaire ?
La révolution annoncée par la réforme de la carte scolaire n’a pas eu lieu : La mixité sociale ne s’est pas améliorée ; elle s’est même plutôt dégradée par endroits.
Un système imparfait : Instaurée en 1963, la carte scolaire repose sur le principe de la sectorisation : les élèves sont affectés à l’établissement public correspondant à leur lieu de résidence. La carte scolaire servait à planifier les ouvertures de classes, à distribuer les postes d’enseignants et à réguler les flux d’élèves selon la démographie locale. Ce n’est que plus tard que la recherche de mixité sociale a été mise en avant pour justifier cette sectorisation. Cependant, la carte scolaire s’est révélée impuissante à éviter un recrutement social très discriminant. La ghettoïsation qui frappe certains établissements est avant tout le résultat d’une séparation des groupes sociaux de plus en plus marquée. Et la carte scolaire tant à aggraver la situation. De nombreuses stratégies de contournement se sont en effet développées : outre les déménagements de circonstance, le choix d’une option rare ou le rapprochement de frères et sœurs sont souvent invoqués pour obtenir une dérogation. De plus en plus de familles cherchaient donc à s’affranchir de la sectorisation afin de décrocher une meilleure école pour leurs enfants. Bien que minoritaires, ces stratégies étaient principalement le fait de familles relativement favorisées. C’est dans l’optique de mettre un terme à ces dérives que Nicolas Sarkozy avait promis la suppression de la carte scolaire en 2007. Il avait proposé d’offrir aux parents une liberté totale dans le choix de l’établissement où serait scolarisé leur enfant. Une promesse faite au nom de l’égalité des chances car cette réforme devait favoriser la mixité sociale à l’école. Cinq ans plus tard, la carte scolaire n’a pas été supprimée mais seulement assouplie en 2007. Cette réforme a fait plus de bien