Démocratie
Muriel GILARDONE
La démocratie est certainement le fil conducteur de l’ensemble de l’œuvre – a priori épars – de l’économiste et philosophe Amartya Sen. D’une part, sa foi en la démocratie apparaît comme la raison première de sa volonté de défier le « théorème d’impossibilité » établi par Kenneth Arrow au début des années cinquante, et comme une ligne directrice dans sa recherche en théorie du choix social. D’autre part, dans ses analyses de problèmes sociaux plus empiriques, comme la famine ou les inégalités hommes-femmes, il considère que la solution réside dans la pratique de la démocratie et que, d’une manière générale, elle constitue un élément indispensable du développement. Plus fondamentalement enfin, la démocratie apparaît comme l’objectif qu’il cherche à servir par ses travaux en contribuant à alimenter le débat scientifique et public. Sen fait partie des auteurs qui défendent une conception de la « démocratie en termes de débat public » (p. 15), allant bien au-delà de la question des élections libres et des scrutins, se situant sur ce point dans la lignée de James Buchanan qui parlait de « gouvernement par la discussion » ou de John Rawls qui la fonde sur « la délibération ». Il est vrai que, durant le siècle dernier, il a été largement débattu de la nécessité d’avoir un point de vue beaucoup plus vaste sur la démocratie non seulement dans le domaine de la philosophie politique, mais également dans celui de ces nouvelles disciplines que sont la théorie du choix social et la théorie du choix public. Sen a largement contribué à alimenter ce débat, notamment par ses contributions en théorie du choix social. La démocratie des autres, traduction française de deux textes assez courts rédigés par Sen entre 1999 et 2003 – respectivement
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Astérion,