Démocratie
Gérard PIROTTON
Cet article a fait l’objet d’une publication dans « La Revue Nouvelle », N°12/1995. Page 66-77.n Voir :< www.revuenouvelle.be > Merci de citer la signature et les références : < www.users.skynet.be/gerard.pirotton >
Au lendemain des élections du 21 mai 1995, le ton dominant des commentaires autorisés était à l'apaisement. Étonnante stabilité du corps électoral belge, vote davantage personnalisé, non éclatante victoire de la famille libérale, non sanction de la coalition sortante, tassement d'Écolo... et score moins important qu'on avait initialement pu le craindre pour des partis pudiquement appelés « non démocratiques ». On semblait se réjouir de la chose et saluer du même coup la maturité responsable et conformiste de l'électorat. Pourtant, les Législatives de '91 et les Communales de '94 avaient déjà fourni matière à réflexion. Alors, s'est-on déjà habitué à la présence d'élus d'extrême-droite au sein des assemblées ? Leur - relativement - faible nombre dispense-t-il pour autant de réfléchir à la signification politique de l'événement et aux nécessaires changements de penser et d'agir que ce vote appelle ? C'est cette nécessité que cet article entend rencontrer. Et y contribuer, à sa manière.
Une urgence : prendre le temps de réfléchir et ne pas provoquer l'inverse de ce qu'on recherche.
Il y a aujourd'hui urgence. L'urgence de réfléchir, de prendre le temps de la réflexion, de rechercher à comprendre, ensemble, ce qui se passe aujourd'hui et ce qu'il convient de faire. La question, en une première formulation, revient à dire « Que faut-il faire, face à l'extrême-droite ? Céder à la peur (la « peste brune » est de retour) - (se) rassurer (il reste quand même 90 % de démocrates)?... » Ces réactions, comme toutes celles qui ont été exprimées dans les jours qui ont suivi le scrutin du 21 mai, (c'est un vote sanction contre la classe politique - c'est le vote des exclus de la