Détournement de l'art
Basé sur l’exemple de Gran Fury - collectif new-yorkais actif dans la lutte contre le Sida entre 1987 et 1994 - ce texte, à travers l’analyse du rapport aux médias et au monde de l’art, pose la question des outils et stratégies activistes développés dans les années 80 et de leur éventuelle actualisation. Quels rapports à la diffusion, au marketing, à l’esthétique publicitaire, au monde de l’art, aux financements institutionnels, etc. peut entretenir un activisme cherchant une efficacité immédiate dans les champs politiques et sociaux ? Comment articuler, dans une pratique artistique, une valeur symbolique et une valeur d’usage ? Quelle position revendiquer, en tant qu’acteur culturel, pour soutenir de telles pratiques ?
L’activisme culturel, à New York, à la fin des années 80, a été le terrain privilégié d’une articulation entre théorie et pratique particulièrement efficace dans la lutte contre le Sida. Les pratiques artistiques de différents collectifs constituent autant de preuves de l’efficacité possible de l’art dans un combat politique et social( [1]). Le travail d’un de ces collectifs, Gran Fury, servira ici de base pour une interrogation en plusieurs temps. Tout d’abord, une analyse des faits et du contexte est capitale : comment, dans une période donnée, face à une crise politique violente qui évolue et se complexifie, un (des) collectif(s) d’artistes se constitue(nt) ? Quels sont alors les outils et les stratégies convoqués ? Quelles utilisations sont faites des médias et des institutions artistiques ? L’analyse de cette période pousse à une interrogation sur l’actualité : quel activisme culturel aujourd’hui ? Comment mettre au présent les outils d’un activisme historique ?
Auto-représentation
L’activisme américain des années 80 se base sur un héritage culturel des années 70 - artistes conceptuels, féministes, etc. - mais aussi sur une remise en question des «