Ecriture d'Invention : le cinéma peut-il, doit-il tout représenter?
2078 mots
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La première chose que je vis en sortant de la salle de cinéma, désorienté, mes yeux s’habituant à la lumière aveuglante du monde extérieur, c’était une brochure brandit brusquement dans mon visage. Derrière le titre criard «SOBIBOR, UN CHEF-D’OEUVRE » se tenait Desmond, les yeux fixés impatiemment sur moi. Visiblement, notre débat entamé avant le commencement du film était loin d’être aboutit. « Et bien ? demanda-t-il d’un ton agité. Que dis-tu à présent ? Je refuse d’accepter qu’après avoir assisté à un tel spectacle, tu demeures obstiné dans tes propos que le cinéma ne doit pas tout représenter. - Justement, Lanzmann a eu la gentillesse d’illustrer mon propos. Un des aspects les plus remarquables de l’histoire du film est mise en place lorsque le réalisateur joue sur l’imagination et l’interprétation laissée aux spectateurs. Toi qui joues au théâtre, tu devrais le savoir. Ne demande-t-on pas aussi un travail d’imagination de la part du spectateur ? Toi, ayant joué dans Henri V, tu devrais t’en souvenir ; le Prologue ne prie-t-il pas au public d’ignorer les lacunes du décor et d’imaginer les superbes batailles d’Agincourt, au lieu d’être déçu par les pauvres représentations tentées par le dramaturge ? N’est-ce pas bien plus beau? Vois-tu, c’est précisément comme au cinéma et comme ce que fait Lanzmann dans Sobibor. Il ne nous présente que ce dont nous avons besoin pour stimuler l’imagination et notre cerveau se charge du reste. Les paroles glaçantes de la traductrice, couplées à des montages de paysages où se sont déroulées de telles atrocités – si délicieusement simples, presque enfantines ! Mais c’est cela qui fait rêver ; Lanzmann ne nous encombre pas de passages esthétiques et inutiles qui détruiront l’image que nous nous formons de l’horreur qui est racontée, car il n’a rien de plus efficace, plus puissant que notre propre imagination pour nous choquer. En prenant un angle plus précis, plus personnel, Lanzmann serait devenu subjectif et certes les choix