Efficacité et enjeux du travail social.
Thierry GOGUEL d'ALLONDANS*
Entre les artisans d’une poétique de l’action et les partisans d’une ingénierie sociale, il y a sans aucun doute des risques à parler aujourd’hui de l’efficacité et des enjeux du travail social ; le risque le plus apparent étant d’essence politique.
Si le travail social, pour reprendre un peu les thèses de Fourier, est la construction d’une utopie (au départ celle de participer à sa propre fin à l’aube d’une société enfin harmonieuse) c’est à dire d’un projet politique et non pas d’une illusion1, alors on peut supposer que les enjeux sont de taille, et une certaine efficacité plus que nécessaire.
Seulement les enjeux et l’efficacité peinent à se définir, car sans aucun doute les uns et l’autre évoluent à l’aune d’une société en pleine mutation pour les plus optimistes, à l’instar des modes du moment pour les plus défaitistes, à l’interface de ces deux considérations pour les ménageurs de chèvres et de choux.
A ce sujet le XXIe congrès de l’Internationale Socialiste qui s’est tenu, début novembre 1999, à Paris, est éloquent. On pourrait penser, à entendre les ténors, que leurs divergences apparaîtraient essentiellement sur quelques points d’analyse, ou plus prosaïquement d’interprétation. Mais ne portent-elles pas plutôt sur le fond, l’essence, c’est à dire sur les valeurs, que sur la forme, les modalités d’action ? Nous sommes dans un des paradoxes qui habite aussi le travail social : la confusion entre les objectifs et les moyens, mais aussi l’esprit et les perspectives –il faut bien le dire- souvent lointaines. Aussi, la solidarité, par exemple, comme objectif et projet à terme peut-elle participer d’un consensus mou. De même que peuvent cohabiter dans une déclaration commune2 « l’encouragement à l’esprit d’entreprise » et « la relation critique au capitalisme ». Nous voyons ainsi que l’efficacité et les enjeux pour le monde de demain sont une préoccupation bien universelle,