Emile zola
Líhomme était parti de Marchiennes vers deux heures. Il marchait díun pas allongé, grelottant sous le coton aminci de sa veste et de son pantalon de velours. Un petit paquet, noué dans un mouchoir à carreaux, le gênait beaucoup; et il le serrait contre ses flancs, tantôt díun coude, tantôt de líautre, pour glisser au fond de ses poches les deux mains à la fois, des mains gourdes que les lanières du vent díest faisaient saigner. Une seule idée occupait sa tête vide díouvrier sans travail et sans gîte, líespoir que le froid serait moins vif après le lever du jour. Depuis une heure, il avançait ainsi, lorsque sur la gauche à deux kilomètres de Montsou, il aperçut des feux rouges, trois brasiers brûlant au plein air, et comme suspendus. Díabord, il hésita, pris de crainte; puis, il ne put résister au besoin douloureux de se chauffer un instant les mains.
Un chemin creux síenfonçait. Tout disparut. Líhomme avait à droite une palissade, quelque mur de grosses planches fermant une voie ferrée; tandis quíun talus díherbe síélevait à gauche, surmonté de pignons confus, díune vision de village aux toitures basses et uniformes. Il fit environ deux cents pas. Brusquement, à un coude du chemin, les feux reparurent près de lui, sans quíil comprît davantage comment ils brûlaient si haut dans le ciel mort, pareil à des lunes fumeuses. Mais, au ras du sol, un autre spectacle