En période de crise, les entreprises peuvent-elles être le vecteur d’un développement durable ?
Depuis quelques années, les entreprises s’engagent de plus en plus à améliorer leurs performances environnementale et sociétale, que ce soit en application de nouvelles réglementations établies par les institutions publiques ou de manière purement volontaire. Dans le nouveau contexte engendré par la crise économique de 2008, ces démarches restent-elles d’actualité ou bien sont-elles remises en cause ?
Pour répondre à cette question, nous nous intéressons tout d’abord à l’émergence du «développement durable» au sein des entreprises et comment s’intègrent les composantes environnementales et sociétales dans leurs organisations. Dans un deuxième temps, nous explorons en quoi la crise économique alimente les recherches et innovations dans les entreprises et fait finalement du développement durable la meilleure solution pour préparer l’avenir. Cependant, une remise en cause des rapports économiques et des indicateurs de performances des entreprises apparaît nécessaire.
Plan
1. Emergence du développement durable au sein des entreprises
2. Influence de la crise économique
3. Conclusion
1. Emergence du développement durable au sein des entreprises
En opposition à l'économie politique keynésienne, Milton Friedman a publié en 1970 un article resté célèbre et intitulé « The social responsibility of business is to increase profits » [1] où il dénonce le manque de rigueur des discussions portant sur la responsabilité sociétale des entreprises et soutient une position néolibérale énonçant que la seule responsabilité d’une entreprise est de faire toujours plus de profit. Paradoxalement, c’est à la même période que l’ONU entreprend la recherche de nouvelles stratégies de développement face aux challenges futurs et qu’en 1987, la commission présidée par Gro Harlem Brundtland, définit le «développement durable» comme un développement qui permet aux générations présentes de satisfaire leurs besoins sans remettre en cause la capacité des générations futures