La ville de Saint-Louis est l’une des villes où l’on y retrouve le plus grand nombre de talibés[1]. Considérée comme une « teranga », qui signifie terre d’accueil, des enfants de différentes régions du Sénégal se retrouvent dans les rues de Saint-Louis. Ces talibés sont des enfants âgés de 3 à 15 ans qui ont été confiés par leurs parents à un marabout. Celui-ci les prend complètement en charge en leur apprenant le Coran et en les éduquant en fonction de ces valeurs religieuses. Comme les familles sont nombreuses et défavorisées, cela représente une grande aide et elles n’ont souvent pas d’autres choix. Le marabout est supposé leur donner un toit, de la nourriture, des soins, en plus de les éduquer. Par conséquent, le passage chez le marabout est considéré comme une sorte de rituel, une initiation pratique à la vie communautaire par l’acquisition du sens de l’humilité, de la vie ascétique et de l’endurance à toute sorte d’épreuve. En contrepartie, les marabouts reçoivent des biens matériels, des prestations de services et aussi, de l’aide potentielle de leurs élèves à leur profit, comme les travaux domestiques… Malheureusement, dans les faits, la majorité de ces enfants se retrouve à la rue, à mendier afin de ramener de l’argent pour payer le marabout de ces « bons » services, soit environ 300 francs par jour (environ 75 sous canadiens). S’ils ne rapportent pas assez d’argent ou de nourriture, ils sont souvent mal traités ou battus par le marabout. Cela dit, lorsqu’ils ne sont pas en classe coranique, ces enfants travaillent pour le marabout environ 10h par jour, les privant ainsi de recevoir une éducation générale à l’école publique et donc de pouvoir lire et écrire. Par ailleurs, ils vivent le plus souvent grâce au don des restes de nourriture que des familles leur donnent et dorment où ils peuvent dans des conditions extrêmement précaire au point de vue sanitaire. Ils sont par conséquent victimes des différentes épidémies telles que la gale, le