Epicure et l'épicurisme
Né en 341 av. J.-C. à Samos, Epicure est témoin de la période de bouleversement qui suit l’effondrement des cités grecques et le règne d’Alexandre le Grand. En 306, il installe son école dans le jardin qu’il a acheté à Athènes (la secte prendra le nom d’Ecole du Jardin). Entouré de nombreux amis et disciples, parmi lesquels on comptait aussi bien des femmes que des esclaves, il mène une existence communautaire paisible et frugale. Et lorsqu’il meurt en 270, accablé par la maladie, il devient l’objet d’un véritable culte. De son œuvre abondante, seuls nous sont parvenus trois lettres et quelques fragments. La fidélité quasi religieuse des disciples à la doctrine du maitre fit que celle-ci n’évolua guère et l’exposé que nous en donne Lucrèce vient heureusement combler nos lacunes.
I- Une doctrine ascétique
Préoccupé par la condition misérable des hommes, Epicure cherche à les soulager de leurs maux en les libérant de la peur des dieux et de la peur de la mort. Pour cela, il substitue aux interprétations surnaturelles et religieuses de monde une explication rationnelle fondée sur l’observation de la nature. Cette explication, il la trouve dans la physique matérialiste du présocratique Démocrite (460-370)
A) Matérialisme et atomisme
Selon Démocrite, l’univers est soumis à des lois naturelles immuables. Le monde n’est que matière et vide. La matière est elle-même composée d’atomes (du grec atomos : « qu’on ne peut pas couper »), particules invisibles et éternelles. Ces atomes sont soumis à une chute dans l’espace et de leur rencontre fortuite naissent des corps de plus en plus complexes qui forment les êtres et les mondes. Ceux-ci sont voués à se désagréger pour laisser place à de nouvelles combinaisons.
Epicure explique la rencontre des atomes en ajoutant à la théorie de Démocrite le principe du clinamen. Il s’agit d’une infime déviation que l’atome imprime de lui-même à sa trajectoire au cours de sa chute. C’est par ce même