Erasme
I)Un argumentaire pour justifier un manuel inhabituel
A) Un raisonnement déductif (du général au particulier)
- Érasme commence par une définition de "l'art d'instruire" en quatre domaines présentés apparemment par ordre décroissant d'intérêt, de la piété à la civilité en passant par les devoirs de la vie et surtout par les belles lettres. L'art d'instruire est donc l'art d'éduquer car il ne s'agit pas uniquement "d'instruction intellectuelle" mais bien de leçons de comportement individuel et social et aussi d'enseignement religieux et moral. Cette vision des composantes de l'éducation est présentée comme une évidence : "L’art d’instruire consiste en plusieurs parties". Ce postulat, au présent de vérité générale, n'a pourtant rien d'évident à son époque et est bien plutôt le programme humaniste.
- Cependant de ces quatre "matières", il ne s'intéressera dans cet ouvrage qu'à la dernière : la civilité (le particulier). Cette partie est neuve, comme il le sous-entend : "d’autres se sont occupés des trois premières et moi-même j’en ai traité maintes fois".
B) De la concession aux contre arguments
- Si Erasme concède que "le savoir-vivre soit inné chez tout esprit bien réglé" et qu'il admette que "la civilité soit la plus humble section de la Philosophie", il objecte que "faute de préceptes formels, des hommes honnêtes et instruits en manquent parfois, ce qui est regrettable" et que la civilité "suffit aujourd’hui à concilier la bienveillance et à faire valoir des qualités plus sérieuses". Il prévient ainsi les critiques qu'on pourrait lui faire de s'intéresser à un domaine mineur ("la plus humble section de la Philosophie") et de donner des "recettes" de conduite, inutiles car trop "naturelles" ("innées"). Il avance aussi que la