espece fabulatrice nancy huston
1045 mots
5 pages
Dans ce treizième essai, l’écrivaine canadienne d’expression anglaise et française, Nancy Huston, s’attaque à l’importante – voire redoutable – question de la quête de sens chez l’homme. Il est vrai que le sujet a souvent été traité, depuis Aristote, en passant par Descartes, saint Augustin ou Jean-Paul Sartre. Mais l’innovation réside ici dans le fait que l’auteure entreprend une analyse sur le sens en passant par le prisme d’une réflexion aiguë sur les rapports entre l’homme et le roman. L’espèce humaine, qu’elle qualifie de « fabulatrice », se différencie des autres par sa capacité de narration, celle d’inventer des histoires pour donner sens au réel qui l’entoure. Rien de bien nouveau diront certains puisque, depuis Homère et les mythologies qui ont traversé l’Histoire, on ne compte plus le nombre d’auteurs qui ont titillé et endossé cette ambition. Telle est d’ailleurs l’impression qui s’impose après la lecture des premières pages du livre. Cependant, au fil des pages, le lecteur se laisse séduire par la grande perspicacité de la réflexion et des analyses de l’auteure, qui rendent justice à la rigueur et au talent qu’on lui connaît.
2De tout temps, les hommes ont essayé de donner du sens, de s’expliquer puis d’expliquer le monde qui les entoure. De la mythologie à la philosophie, en passant par la sociologie, les sciences et les religions, ou encore l’histoire, cet être fabulateur qu’est l’homme n’a eu de cesse de s’attacher à mettre le monde en récit. Voilà ce que rappelle Nancy Huston qui produit un travail bien articulé et qui montre par ailleurs sa grande culture historique. À l’image des mythes, le lecteur découvre que la question du vrai ou faux n’est pas vraiment pertinente dans la conception de l’auteure, mais ce sont les fictions que l’homme crée qui, elles-mêmes, pour et par leur simple existence, comptent et constituent pour l’humain des créations vitales, comme le sont par exemple les besoins alimentaires : « Où est l’espèce humaine ? Dans