« Ethnophilosophie » : le mot et la chose par paulin j. hountondji

5082 mots 21 pages
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« ETHNOPHILOSOPHIE » : LE MOT ET LA CHOSE par Paulin J. HOUNTONDJI Université Nationale du Bénin Cotonou 1) Un concept polémique Pour beaucoup de lecteurs, mon nom reste attaché à ce que j’ai appelé, à la fin des années 60 et au début des années 70, la critique de l’ethnophilosophie. C’est en effet, dans un article rédigé en 1969, et paru dans Diogène au premier trimestre 1970, que j’ai lancé à la cantonade le mot « ethnophilosophie ». Je voulais ainsi exprimer une déception. Je désignais par ce mot une certaine pratique de la philosophie qui se donnait pour tâche de décrire des visions du monde collectives, pratique qui, à mes yeux, trahissait la vocation première de la philosophie qui est non de décrire, mais de démontrer ; non de reconstituer de manière conjecturale le système de pensée de tel ou tel peuple, de telle ou telle société, de tel ou tel groupe de personnes, mais de prendre soi-même position, de manière responsable, sur les questions posées en acceptant la contrainte de justifier de manière rationnelle ces prises de position (Hountondji 1970). L’article devait être repris sous un autre titre dans le livre publié en 1977, dont il constituait le premier chapitre.1 Par son sous-titre même, l’ouvrage annonçait les couleurs : Critique de l’ethnophilosophie (Hountondji 1977). A cette critique, on associe aussi, habituellement, un autre nom : Marcien Towa. Mon collègue camerounais s’est en effet d’abord fait remarquer par un petit livre paru en 1971 à Yaoundé. Par pure coïncidence, et sans aucune concertation préalable entre nous, le même mot y est employé avec la même charge critique et polémique. Marcien Towa oppose lui aussi à la philosophie proprement dite cette discipline hybride, à cheval sur l’ethnologie et la philosophie et qui n’est franchement ni l’une, ni l’autre : l’ethnophilosophie (Towa 1971). Les deux critiques, à vrai dire, ne se recouvrent pas tout à fait. Marcien Towa s’en prend principalement à un auteur camerounais, au point qu’il

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