Etre et avoir
Introduction :
L’argent n'était initialement que le moyen destiné à rendre concevable l'échange. Il se concevait alors comme mode d'expression ontologique, terme issu du grec qui veut dire : « qui expose ce qu'il en est de l'être ». Il est donc à soupçonner que la prise d'autonomie de l'argent, moyen devenu fin, s'étant doublée d'une dérive de l'individuation, expression d'une qualité, vers la recherche pure et simple de quantité, est aussi basculement de l'ontologique dans l'économique, soit dans un avoir coupé de l'être. On le voit, comme ce que possède quelqu'un, ce à quoi il s'attache, dit quelque chose de lui, l'argent, en tant qu'il est agent d'acquisition, de substitution, d'échange, serait bien en première ligne pour facilité une formulation de soi par soi. Ce que j'achète, ce que je vends, ce que je prends et ce de quoi je me déprends, grâce à l'outil monétaire qui peut convertir quoi que ce soit en quoi que ce soit, permettrait au sujet de se positionner dans le monde des formes et des valeurs.
L'hypothèse initiale consistera donc à voir dans l'argent, outil de l'avoir, un instrument de l'être
En effet, si l'argent est la modalité privilégiée des transactions qui permettent de faire sien ce qui est initialement à un autre, alors l'argent va ciseler des postures d'avoir qui sont aussi des affirmations de préférences, des dissociations où l'individu se manifeste comme proche d'un autre ou en opposition. Par exemple, dans L'Argent de Zola, c'est la figure de la rédemption, forme sublimée du rachat, qui va caractériser des dépenses de la princesse d'Orviedo, ses fondations somptueuses et somptuaires pour éduquer les déshérités, dans sa tension vitale pour compenser les spoliations de feu son mari. Ainsi, p. 81-82 : «