Eugène weidmann
Samedi 8 juillet 1989
Il y a 50 ans, la dernière exécution publique en France...
Il y a cinquante ans, le 17 juin 1939 à 4 h 30, Eugène Weidmann, 31 ans, condamné à mort pour l'assassinat de six personnes, était guillotiné en public devant la prison de Versailles, près de Paris. La décapitation du jeune Allemand, par Henri Desfournaux, «exécuteur en chef des arrêts criminels», assisté de André Obrecht, «adjoint de première classe», devait être la dernière exécution publique en France. Edouard Daladier, le Président du Conseil d'alors, signait en effet quelques jours plus tard un décret mettant fin aux exécutions publiques.
Les derniers moments de ce jeune dandy séduisant, qui avait reçu dans sa cellule plusieurs lettres de femmes lui proposant de l'épouser, provoquèrent, selon la presse de l'époque, des «scènes d'hystérie», certaines femmes trempant même leur mouchoir dans le sang du supplicié qui maculait le pavé.
La veille de l'exécution, tout était pourtant calme à la prison Saint-Pierre de Versailles, raconte André Obrecht, dans un livre de mémoires posthumes qui vient de paraître sous la signature de Jean Ker. Le condamné, qui venait d'apprendre que son pourvoi en grâce venait d'être rejeté par le Président Albert Lebrun, s'entretenait avec Me Renée Jardin, l'un de ses avocats. Il relisait aussi «L'imitation de Jésus-Christ», en soignant les deux chats qu'il avait eu l'autorisation de garder avec lui. Dehors, les autorités judiciaires étaient assaillies de demandes de laissez-passer pour assister au supplice.
Dès 23 h, l'affluence était grande car on avait eu vent de l'imminence de l'exécution. Versaillais ou Parisiens se pressaient derrière les barrières. La guillotine, venue par le train, est montée à 2 h 50. Le nouveau «Monsieur de Paris», surnom que l'on donnait depuis longtemps au bourreau, avait soigné sa mise: gabardine et chapeau mou, barbiche blanche soigneusement taillée. Les policiers font la chasse aux photographes,