Europe et nation
Depuis la fin du bloc soviétique environ, a émergé un débat sur la place des nations et de la forme Nation dans l’avenir de l’Europe. Loin de l’identification des nations aux nationalismes et à leurs expressions paroxystiques faciste et nazi qui les ont longtemps disqualifiées, l’objet d’étude Nation a été réinvesti depuis lors par les membres des sphères intellectuelles, lançant souvent, notamment en France et au Royaume-Uni, des débats critiques sur la forme actuelle de la construction européenne. Ainsi a donc été mis au jour un ensemble d’interrogations sur la place des nations dans l’avenir de l’Europe ou encore sur le caractère historiquement nécessaire ou circonstanciel des nations, notamment pour la démocratie. Pour reprendre une interrogation d’Étienne Balibar : « ici en Europe, la question de savoir si certaines nations, voire la forme Nation comme telle, traversent une phase de refondation, de régénerescence ou sont irréversiblement entrées dans un processus de dépérissement, de transition vers une société “postnationale” s’est faite de plus en plus insistante »1 . Toutes ces questions posées sur le terrain de l’avenir de l’Europe doivent alors aussi être mises en regard des rêves déjà anciens de voir émerger un État fédéral unissant le continent européen, mais aussi des interrogations sur le caractère viable et souhaitable de conceptions cosmopolitiques ou postnationales de l’unification de l’Europe. Loin de pouvoir retracer en quelques pages toutes les variantes de positions sur la question, nous essaierons ici de formuler plus modestement certains des problèmes incontournables qui font débat. Notons en particulier qu’il s’agira au lecteur de garder à l’esprit, malgré la concision du propos, le caractère distinct des sources évoquées, il n’y a pas d’accord complet parmi les analystes des raisons des Nations, ni parmi les tenants du postnationalisme. Suivront une bibliographie