Euty
Caroline Miller
Collège de Bois-de-Boulogne
TRADUCTIONS COUSIN, REVUES ET CORRIGÉES PAR CAROLINE MILLER
WIKISOURCE 2012
PLATON, Euthyphron.
PLATON, Apologie de Socrate, p. 27.
PLATON, Lachès, p. 47.
EUTHYPHRON,
OU
DE LA SAINTETÉ.
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EUTHYPHRON, DEVIN ; SOCRATE.
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EUTHYPHRON.
QUELLE nouveauté, Socrate ? Quitter tes habitudes du Lycée pour le portique du Roi [1] ! J'espère que tu n'as pas, comme moi, un procès devant le Roi ?
SOCRATE.
Non pas un procès, Euthyphron : les Athéniens appellent cela une affaire d'état.
EUTHYPHRON.
Une affaire d'état ! Quelqu'un t'accuse apparemment ; car pour toi, Socrate, je ne croirai jamais que tu accuses personne.
SOCRATE.
Certainement non.
EUTHYPHRON.
Ainsi donc, c'est toi qu'on accuse ?
SOCRATE.
Justement.
EUTHYPHRON.
Et quel est ton accusateur ?
SOCRATE.
Je ne le connais guère personnellement ; il paraît que c'est un jeune homme assez obscur ; on l'appelle, je crois, Mélitus[2] ; il est du bourg de Pithos[3]. Si tu te rappelles quelqu'un de Pithos, qui se nomme Mélitus, et qui ait les cheveux plats, la barbe rare, le nez recourbé, c'est mon homme.
EUTHYPHRON.
Je ne me rappelle personne qui soit ainsi fait ; mais quelle accusation, Socrate, ce Mélitus intente-t-il donc contre toi ?
SOCRATE.
Quelle accusation ? Une accusation qui ne marque pas un homme ordinaire ; car, à son âge, ce n’est pas peu que d’être instruit dans des matières si relevées. Il dit qu’il sait tout ce qu’on fait aujourd’hui pour corrompre la jeunesse, et qui sont ceux qui la corrompent. C’est apparemment quelque habile homme qui, connaissant mon ignorance, vient, devant la patrie, comme devant la mère commune, m’accuser de corrompre les hommes de son âge : et, il faut l’avouer, il me paraît le seul de nos hommes d’état qui entende les fondements d’une bonne politique ; car la raison ne dit-elle pas qu’il faut commencer par l’éducation des jeunes gens, et travailler à