La dissertation philosophique par l’exemple :

SUJET : « Doit-on apprendre à devenir soi-même ? »

Introduction :

La question nous convoque d’emblée à penser un double paradoxe, puisqu’en effet, le sens commun affirme spontanément que chacun est le sujet d’une identité qui par définition constitue l’élément stable et permanent de sa personne, et que d’autre part cette identité ne nous est pas fournie par une relation d’apprentissage. L’idée selon laquelle il faudrait apprendre son identité suppose alors que nous serions d’abord extérieurs à nous mêmes, mais encore que ce « devenir soi » serait une démarche susceptible d’un enseignement.
Le caractère paradoxal de la question soulève cependant plusieurs difficultés au sujet de la construction de l’identité personnelle. En effet, l’identité semble un fait accompli dans la mesure où je sais qui je suis, mais qu’en est-il des procédures diverses par lesquelles j’advient à cette conscience de moi, à la représentation de ce que je suis ? La formation de l’identité convoque ainsi plusieurs difficultés, à commencer par celle de la compréhension problématique d’une relation entre une stabilité et un devenir. Mais encore, celle d’une relation entre une individualité et une collectivité, car choisit-on qui l’on est, qui l’on veut être, et peut-on devenir un autre ?
En d’autres termes, il s’agit d’envisager l’identité à partir de ce constat : l’individu n’existe pas en dehors d’un collectif (famille,société, culture, époque) qui détermine ce qu’il peut être ou devenir.
Cependant, l’expression « devenir soi-même » nous amènera à nous interroger sur la part d’initiative de l’individu dans la construction de soi : dans quelle mesure puis-je être tenu pour responsable de ce que je suis ? Dans quelle mesure suis-je l’auteur de ce que je suis ? Car enfin, doit-on dire qu’on découvre qui l’on est, ou plus exactement si la personnalité est affaire d’invention et d’exigence vis à vis de soi-même ?