Existe-t-il des lois injustes
1.Pascal écrit: "La justice est ce qui est établi et ainsi toutes nos lois établies seront nécessairement tenues pour justes sans être examinées puisqu'elles sont établies"." (Pensées, 645-312). Ainsi, le juge est "tenu" de respecter la lettre de la loi. Pas d'État de droit sans ce principe. Ce sont les plus nombreux qui l'emportent et font les lois. Le "souverain" décide selon l'hypothèse d'un contrat social (voir Rousseau, Spinoza, Kant) et "la loi est la loi". D'ailleurs, n'obéir qu'aux lois qu'on approuve rendrait impossible l'établissement d'une société.
Ainsi, certaines lois concernant la santé publique sont contestées par une minorité au nom de l'égalité, de la liberté et de la responsabilité individuelles mais n'en demeurent pas moins "établies" et "tenues pour justes" car supposées correspondre à la volonté du souverain: lois répressives sur le tabagisme avec augmentation des taxes (contestées parce qu' elles pénalisent davantage les pauvres; elles entraînent un manque à gagner pour les buralistes; elles suscitent le marché noir, les fraudes); lois répressives sur la détention, la vente et l'usage de cannabis (l'augmentation des amendes peut également aggraver les différences sociales); lois sur les limitations de vitesse (certains contestent les "exceptions" selon la fonction sociale exercée par le contrevenant).
2. La justice est précisément ce qui garde à chacun sa place, sa fonction et préserve la hiérarchie. Tous les hommes n'ont ni les mêmes besoins ni les mêmes capacités: les lois donnent et exigent ce qu' ils sont censés obtenir ou fournir (par exemple, le SMIC d'une part, l'impôt sur la fortune d'autre part). Dans ce sens, la légalité garantit une égalité proportionnelle: à chacun son dû.
Ainsi, les postes et les salaires sont distribués en fonction des qualifications, de l'expérience et de la compétence des postulants. Les lois concernant le travail et la répartition des biens sont "établies" et