Explication texte locke
Certes, ces Messieurs peuvent bien estimer que cette thèse ne peut que provoquer des guerres civiles, ou détruire la paix dans le monde et que par conséquent elle ne doit être ni approuvée ni admise. Mais alors, à partir de ce même principe, ils doivent admettre que les honnêtes gens ne doivent pas s’opposer aux voleurs et aux pirates, parce que cela pourrait donner occasion à des désordres et à des effusions de sang. S’il arrive des malheurs et des désastres dans ces situations, on n’en doit point imputer la faute à ceux qui ne font que défendre leur droit, mais bien à ceux qui envahissent ce qui appartient à leur prochain. »
John Locke, Du gouvernement civil (1690).
L’idée de droits de l’homme, naturels, évidents par eux-mêmes, universels et imprescriptibles, ne date pas seulement de la fin du xviiième siècle. On peut déjà en trouver la trace dans la tragédie de Sophocle, où Antigone, pour enterrer son frère, ose remettre en question la loi de la cité, représentée par Créon, au nom de lois divines, non-écrites.
Est-il cependant légitime de remettre en question l’ordre garanti par les lois, et donc de risquer le désordre et l’anarchie, au nom d’une justice supérieure ? Autrement dit, la révolte et la résistance sont-elles des droits, des droits plus fondamentaux que ces lois qui garantissent l’ordre dans la cité ? C’est ce problème qu’affronte directement ici Locke, dans un texte, qui inspirera directement les rédacteurs américains de la Déclaration d’indépendance en 1776. Il défend l’idée que l’on peut se révolter au nom du droit naturel, et il