Exposé sur le Romantisme
Comme la littérature, les arts plastiques eurent en France leur bataille, déclenchée par un tableau de Gros, les Pestiférés de Jaffa (1804). La peinture scandalisa par son réalisme et son colorisme, et l'agitation ainsi soulevée dura un tiers de siècle, avant d'être victime du règne-éteignoir de Louis-Philippe.
Le mouvement romantique cependant ne doit pas être mis en lien avec le seul contexte français et il convient d'étudier également les tempêtes qui secouèrent l'Occident pendant près d'un siècle. Les arts plastiques ont participé au vaste bouleversement de la fin du XVIIIe siècle, dont la Révolution française fut l'expression la plus violente. Marquée par la philosophie des lumières et l'illuminisme, la quête de la science et celle de l'irrationnel, la fidélité aux Anciens et les visions utopiques, le désir éperdu d'un retour à la simplicité primitive et la naissance de l'industrie, la création artistique des années 1780-1860 est unifiée par un souffle puissant de renouvellement, mais reste disparate par la violence des contrastes et la variété des expériences.
L'architecture semble attirée vers deux pôles : la spéculation mathématique mène à des projets dont l'originalité déconcerte encore aujourd'hui ; la recherche des sources peut conduire au pastiche, avec l'aide de la connaissance archéologique, d'une spiritualité souvent passéiste et presque toujours sentimentale, ou encore d'un exotisme naïf.
Arts décoratifs et arts graphiques donnent l'impression d'une plus grande unité : ils traduisent le goût d'un gothique aux limites peu rigoureuses, que l'on qualifie de « style troubadour ». Mais c'est la peinture, incontestablement, qui domine l'activité artistique de l'époque romantique : art de l'individualisme, elle convient à une époque qui rend un culte à l'expression personnelle.
Les élans novateurs, remarquables surtout en Allemagne et dans le domaine germanique, en Angleterre et en