Extrait du journal de j-l lagarce
Mardi 22 janvier 1991
Besançon 10 heures.
C’est la guerre. Depuis le 16 janvier. Les américains au bout de dix heures ont tenté de faire croire au Monde Entier que l’affaire était déjà réglée mais il se révèle jour après jour que l’Irak a de très belles capacités de nuire.
En France, évidemment, notre petit personnel politique parle de lui-même. Et plus inquiétant, après s’être jetés sur le sucre et le lait en poudre – vieux réflexe – les beaufs ont dévalisés les armureries et les premiers incidents anti-arabes ont fleuri ce week-end. Tout ça n’est pas très drôle. On vit devant la télévision.
Un jeune monsieur, arrivé là dans mon lit, me fait l’amour avec énergie et professionnalisme. Puis il demande s’il peut dormir là. Il me tient la main. Au matin, vers 11 heures, il dit au revoir. C’était très courtois et un peu effrayant de vide, ces deux solitudes dormant côte à côte, se tenant la main.
Mercredi 30 janvier 1991
Rien de bien joyeux. Je suis sinistre et j’ai beau travailler du matin au soir et le WE encore, il reste toujours un léger petit temps avant de s’endormir où on se retrouve tout seul, perdu, égaré, se tenant soi-même dans ses propres bras et n’en finissant plus d’essayer de se rassurer.
Arrivé chez moi par le miracle du réseau, un petit fier-à-bras, François, superbement musclé, monté comme un âne, que je connais de vue depuis des années et que je n’aurais jamais soupçonné d’une telle énergie vigoureuse à mon égard. Et souriant et délicat à la fin, ce qui ne gâte rien. Sans suite, probablement, mais joli et efficace début. A part çà ?
La Guerre, Messeigneurs, du matin au soir. Elle nous remplit la tête de son faux bruit assourdissant, sans qu’on sache si elle a lieu en Irak ou à la télévision. C’est l’instant où les fascistes s’achètent des carabines dans les supermarchés, « parce qu’on ne sait jamais ».
Dimanche 17 février 1991
Aujourd’hui mon père va mieux. Il se remet de