Le paon, le cochon et le chien

Dans une ferme perdue au milieu de la campagne vivaient un vieux chien boiteux, bâtard mais gentil
Ainsi qu’un cochonnet rose, dodu et simplet.
Ils étaient depuis fort longtemps, très bons amis,
Tout allait pour le mieux dans ce beau paradis. * Salut mon petit porcelet ! * Ha mon copain, comment vas-tu ?
Ils partaient bras dessus, bras dessous
Batifoler dans les prairies,
L’un grognant à droite et à gauche,
L’autre jouant à saute-cochon.
Ces deux compères se disaient amis pour la vie.
A leur retour, la basse cour était animée.
Dans l’après-midi, un paon était arrivé,
Il se prénommait Matuvu,
Il déployait ses attributs,
Se pavanait en liberté,
En faisant admirer sa magnifique roue,
Au milieu de toutes les belles gallinacées.
S’adressant au petit cochon,
Et dédaignant le vieux clébard * Viendras-tu becqueter avec moi ? * Ce soir, j’organise une fête,
Dit ce bel et fier emplumé. * Ce sera avec grand plaisir
Répondit le porc aveuglé.
Le chien étonné dit * Et moi mon bon ami !
Laissant tout de go son copain,
Esseulé, abandonné à son triste sort,
Cochon condescendant ne le regarda point. * Dans mes pensées tu m’as vexé, * Je te laisse à ta nouvelle et belle amitié.
Cabot erra comme un chien battu,
S’en allant ni vu ni connu.
Sous couvert de l’invitation,
Cochon fût propulsé le groom de la soirée
Sans qu’on y prête de l’attention. * Suis-je là comme un ami ou comme simple larbin ? * Que crois-tu mon gros cochonnet ! * Nous ne sommes pas de la même condition sociale.
Cochon partit furieux mais aussi malheureux
D’avoir planter son ami comme un pauvre gueux.
Mais quand il revint vers son ex compagnon * Cabot, mon ami où es-tu ?
Seul le silence lui répondit.
Sillonnant par monts et par vaux,
Se mit en quête de son ami,
Finit solitaire avec ses regrets et ses maux.
Il se maudit et médita,
L’essentiel est invisible pour les yeux
On ne voit bien