Fablio
Pour vous bien souvent j’ai conté
Bon nombres d’histoires inventées
Mais aujourd’hui elle sera vraie
C’est un vilain près de sa haie
Qui par hasard surprit et prit
Deux appétissantes perdrix
Et tout heureux de cette trouvaille
Il prépara les deux volailles
Puis à sa femme il les donna
Parce que c’est elle qui les cuira
Car elle faisait cella très bien
Et c’était vrai par Saint Julien
Le vilain lui de son côté
Courut inviter le curé
Afin qu’il puisse en profiter.
Et lui ne se fit pas prier
Le vilain tarde à revenir
Les perdrix ont fini de cuire
Comme toute bonne cuisinière
Elle en goûta un peu de chair
Entraîner par sa gourmandise
Il faut bien que je vous le dise
Elle en prit deux gros morceaux
Et c’est là son premier défaut
Elle coure au milieu de la rue
Par crainte d’être battu
Une fois son mari
Déjà deux ont disparu
Sa langue se met à frémir
Elle ne peut plus se retenir
Elle a décidé d’en finir
Et mange les deux sans réfléchir
Et quant son mari reviendra
Elle sait très bien se qu’elle dira
Puisqu’elle accusera les chats
D’avoir dérobé le repas
Voici qu’arrive le vilain
Et il l’interrogea de loin :
«Alors qu’en est-il des perdrix ?
La coure s’aiguise l’appétit.
-Un grand malheur est arrivé
Vos volailles ont été volées.
En entendant ce qu’elle a dit
Il est t très en colère pardi.
Le vilain devient fou furieux
Il veut lui arracher les yeux.
Voyant que l’excuse ne prend pas,
Elle se reprit et lui cria :
« C’était pour rire, c’était pour rire !
Je les aie misent au chaud, messire.
Va donc affûter ton couteau,
Le curé sera là bientôt.
Je vais chercher la belle nappe
Et je vais sortir le hanap.»
Le curé arrive en courant
Et la salut aimablement.
«Femme, le repas est-il servit ?
Je viens manger les deux perdrix.
-Mon mari aurait-il mentit ?
Il n’y a jamais eu de perdrix !
-Mais que dis-tu par saint Martin,
Lui répliqua le chapelain.
-Mon mari a son grand couteau
Voyez, il veut vous