Faire la guerre sous louis xiv
« L'approche de la guerre de la ligue d'Augsbourg marqua la fin d'une époque pour la France. La première moitié du règne de Louis XIV, faite de succès et de splendeur, prit fin chronologiquement et moralement avec le passage du Rhin par l'armée du roi pour assiéger Philippsbourg […] Dans la seconde moitié de son règne personnel, il serait plus question de survie que de célébration » [1]. Ainsi s’exprime John A. Lynn à propos de la conduite de la guerre par le Roi-Soleil et l’état de la France durant la seconde partie de son règne. On observe de grandes mutations à partir de 1688 et ce jusqu’à la mort du souverain. Le règne de Louis XIV est véritablement scindé en deux parties distinctes. Nous passons d’une politique de glorification du souverain, d’extension de son absolutisme à une politique davantage tournée vers la défense de la nation. Louis XIV, personnage central et archétype du monarque absolu, adopte légitimement la figure du Roi-guerrier. Cela s’explique tout d’abord par le fait qu’étant plus jeune, Louis XIV fut élevé pour devenir un roi-soldat. Il monte sur le trône royal en 1643, à l’âge de cinq ans. Mais c’est surtout à partir de la mort de Mazarin, en 1661, et du début du règne personnel qu’il fonde sa politique sur la guerre et sur l’extension du territoire français. La guerre apparait alors comme le vrai « métier du roi ». Il participe activement à sa préparation ainsi qu’à son déroulement, tout en s’appuyant sur ce qu’on appellerait les ingénieurs de la guerre, autrement dit ses ministres. Il la mène véritablement à son gré, et est très actif diplomatiquement. Son règne marque une volonté de renforcer le prestige de la France pour parvenir à une forme de prééminence économique, militaire et politique. En outre, la guerre continue d’asseoir la légitimité du roi et son autorité tout en définissant la royauté même. La gloire du souverain est acquise suite aux victoires militaires. D’autre