Fauve et sarcelle - nouvelle littéraire
C'est dans une tentative sans véritable attente qu'il l'interpella, cette femme parmi tant d'autres, dans l'imagination futile et spontanée qu'elle savait peut-être quelque chose, n'importe quoi... Quelque chose qu'elle avait vu, ou entendu, et qui pourrait le lancer sur une piste. Pourquoi elle précisément, allez savoir. Il était inquisiteur depuis deux mois, deux longs mois qui ne lui avaient jusqu'à présent rien rapporté; et maintenant il espérait autant qu'il désespérait de finalement pincer l'une de ces maudites sorcières qui polluaient la région. Il l'interpella, donc, cette jeune inconnue qui déambulait devant lui, et elle se retourna dans un gracieux tourbillon de sa robe à capuche.
Il ne lui fallut qu'un instant pour se noyer dans les profondeurs abyssales de son regard sarcelle.
Inutile de préciser que son cœur sauta un battement. À tel point qu'il en oublia ses préoccupations professionnelles et passa plutôt à la romance. Et la chance se présenta à lui, pour la première fois depuis deux mois, sous la forme d'un sourire doux et avenant auquel il répondit avec bonheur. Enfin, bonheur, c'est un euphémisme – je devrais plutôt dire euphorie, ou extase. Car n'est-ce pas ce qu'on ressent lorsque la vie nous offre de tels moments de bienheureux hasard?
La conversation allait bon train, et avant même qu'ils puissent s'en rendre compte, les voilà qui erraient allègrement sur les rives d'un lac impénétrable aux couleurs vivifiantes. Il buvait ses paroles comme elle se délectait des siennes, ils étaient beaux à voir, tous les deux; et, emporté par l'envie soudaine de mieux voir son doux visage à demi caché, il releva avec tendresse la capuche de sa compagne et la laissa retomber dans son dos. Pour aussitôt reculer prestement, dégoûté.
Ses cheveux chatoyaient des mêmes reflets de feu que les feuilles d'automne sous le soleil. N'importe qui, au vingt et unième siècle, aurait admiré leur beauté flamboyante; hélas, cette histoire a